Le lys



Au milieu d’un grand pré d’herbe verte et charnue,
Un lys cambrait sa tige sous le poids des pétales
Qui en le couronnant d’un rouge cardinal
Lui donnaient l’allure d’une fière statue.

Depuis son piédestal habillé de feuillage,
Il appuyait sur l’herbe un regard de mépris,
Pensant bien qu’à lui seul, et grâce à son esprit,
Il s’était élevé au-dessus des nuages.

Cette tête orgueilleuse, ivre de son succès
Entendait dominer sur le champ tout l’été.
Elle voyait déjà les brins d’herbe couchés
À ses pieds, fascinés devant sa majesté.

Elle n’était pas loin, il est vrai, de la gloire
Quand ses pétales usés de six journées d’éclats
Cessèrent de s’ouvrir et commencèrent, las,
À mourir lentement, fanant tous ses espoirs.

Les feuilles qui formaient son verdoyant habit
Jaunirent et glissèrent comme de grandes larmes.
La fleur tomba au sol en six pétales parmes
Qui firent une corolle autour de son dépit.

L’herbe modeste qui avait vu d’autres rois
Reçut sur son tapis cette auguste dépouille ;
Elle l’ensevelit pour qu’aucun ne la souille
Et dans son humble vie oublia cet émoi.

La constance vaut mieux que la splendeur d’un jour.


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